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Moi, le français

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(Atelier d’écriture d’Oujda le 10 /02/2001. consigne : Moi, le français...)

On appartient à une langue, comme à un pays ; on peut y être à l’aise tout autant. Moi, le Français, j’ai commencé à connaître assez tôt, je n’avais guère plus de cinq ans. Le mérite en revient à mon père, qui, lié d’une étroite amitié à l’instituteur de la localité où Nous habitions, a eu l’intuition de me mettre donc à l’école chez ce maître. Si j’ai progressé en apprentissage de cette langue somme toutes difficile et par ses structures, et par sa phonétique et par ses nuances sémantiques, le mérite en revient à mon papa, paysan lettré en arabe et titulaire lui-même d’un certificat d’alphabétisation qu’il a préparé avec le même instituteur en cours du soir.

L’instituteur pour sa part, même venant de loin, d’Algérie, de Nadrouma était parfaitement Intégré à la vie de la communauté, vivant à son rythme respectant les pratiques et les usages en vigueur à l’époque. La mère aussi, puisqu’il était encore jeune et célibataire, ne manquait pas de se rendre chez les habitants du coin à l’occasion d’un baptême ou de toute fête, recevait également en visite les femmes de son voisinage.

Que c’est loin tout cela , que c’était pénible aussi de pratiquer trois langues à la fois : le berbère, l’arabe et le français, dernier venu des idiomes : ses chants, ses manuels, ses syllabes et ses illustrations. La difficulté consistait à adopter telle ou telle langue selon les situations : ce qui était un peu trop demander à un jeune esprit en formation encore. Il n’y avait que dans mes rêves que les frontières linguistiques étaient nettes et étanches. Rêver en français quand on est situation de classe de français, idem en arabe.

La vie était visitée en berbère, la vie telle qu’elle pouvait se présenter pour un jeune élève d’une localité rurale.

Chaki N’gadi

Moi, le français me fait vivre. Moi le français me laisse m’exprimer sans rougir. Il me fait voyager à travers l’histoire, il pousse mes pensées au delà du noir.

Jamais je n’aurais envisagé ma vie sans lui ; il était là où ma langue maternelle m’abandonnait à cause de contraintes qui devenaient aiguës ou tout simplement elle n’existait plus . Il était là où personne n’était, il faisait sortir les mots qui étaient exilés au fond de moi pour faire d’eux toute une histoire ou toute une vérité qu’on se forçait de dissimuler.

Il était là quand je fermais les yeux, et quand je les ouvrais dans l’obscurité, ou en plein jour il était toujours à mes côtés. Il me laisse bouger, penser ,vivre en toute liberté.

Bref le français je le respire , ainsi il me fait exister.

Nadia

Moi le français je l’ai toujours en horreur. Je l’écris, certes mais je ne le parle que rarement. N’est-ce pas là une merde de vie conjugale ? ! Pourtant j’en assure les conséquences ,puisque c’est moi qui ai choisi d’opter pour cette langue. Je suis même allé plus loin et l’ai épousée de bon grès.

Mon âme se révèle aride et inféconde étant donné qu’elle répond mal aux désirs de cette langue de Voltaire. Tous les termes qu’a pu enfanté mon âme sont devenus passifs et parfois même clochards. J’ai beau faire appel au soutenu , mais il s’avère que seul le familier compte. Il vaut mieux enfanter argotique pour pouvoir faire face au boulevard. On va sûrement pas attendre de vous que construisiez une phrase à la Zola pour qu’on vous réponde. Et supposant même que je sois un très bon rédacteur français ,que me sortira -t-il de tout cela, si je ne parle pas argot et argent ? Ce que je fais étant bon rédacteur, c’est que je parle argile au lieu d’argent. C’est vrais que je l’ai en horreur le français et j’en suis désolé

Said






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