Prise totalement par la course sans haleine de la vie, elle n’avait même pas le temps de se regarder dans la glace. Un jour sans faire attention, elle balaye avec ses yeux le grand vieux miroir accroché au hall.
Elle fait un pas en arrière de telle sorte qu’elle regarde bien son visage, les cheveux ont déjà pris une couleur grise et glaciale. Elle reste un moment immobile tout en fixant tout son visage, elle le touche avec amertume et un regret. Le vieux miroir, trop franc et très sévère lui trace des sillons, d’abord au front, et marque un aspect triste et fatigué sur le visage, puis autour des yeux pour déformer leurs contours, le nez lui pas très grand changement, les joues sont tombées sur le menton car elles ne supportent plus le poids du visage, la bouche n’a plus le sourire éclatant , les dents ne sont plus les perles blanches bien alignées, le cou s’est multiplié à tel point qu’on ne le distingue que difficilement.
La vielle dame prend un grand soupire de regret et se regarde une deuxième fois dans le vieux franc miroir, mais cette fois ci, elle ne regarde plus le vieux visage fatigué car le généreux bon souvenir lui fait voir un visage éclatant de jeunesse, les cheveux longs châtain et souples comme du satin que des rebelles chevelures échappent à la masse des autres cheveux pour tomber sur le territoire du visage comme si c’est pour nous guider vers les traits harmonieux du visage et nous montrer un front lisse et net, des beaux yeux clairs, des joues bien fermes et roses comme des fleurs, un nez bien en harmonie avec les autres traits du visage, des lèvres rouges et généreuses bien tracées qui encerclent des dents très blanches et surtout bien ordonnées, un cou tiré majestueusement.
Sur cette jolie image la dame sursauta, il y avait quelqu’un qui frappait à la porte, elle se précipita pour ouvrir, c’étaient ses deux petits enfants qui se sont jetés sur elle pour l’embrasser et l’arracher du vieux miroir, et la dame en était vraiment ravie...
A. Latifa.